↘ change like healing takes time.

C’est le genre de sensation que l’on a l’impression de ne connaitre qu’une fois dans sa vie, seulement au réel vous la touchez du bout des doigts, d’un simple regard, le tout en une fraction de secondes. Vous êtes au moment propice où ce qui vous parait le plus facile est enfin surmonté quand bien même le moment a été effectué à maintes reprises. Cette fois, la glace à fait son caprice. Elle a brisé une existence bien plus importante que l’espérance elle-même. C’est d’abord la chute d’un souvenir qui devient brume, puis la noirceur. Lorsque tes paupières papillonnent, tu peux sentir les premières lueurs de la lumière agresser ta vision. Cette dernière est voilé comme par un voile trop épais et le silence régnant au sein te permet de cherches des réponses sans l’ombre d’un sens. Doucement, tu les ouvres avec précaution afin de t’habituer à cette luminescence nouvelle. La bouche pâteuse, tu avales ta salive cherchant à te mouvoir pour te redresser mais cela t’es impossible lorsque tu prends conscience de ta jambe gauche est plâtrée, immobilisée. Tu fronces instinctivement les sourcils emprunt à un mouvement de panique. Les « bip » incessants du moniteur cardiaque s’accélèrent un peu plus, alors que tu balayes la pièce dans laquelle tu te trouves d’un mouvement circulaire. Quatre murs d’un blanc de nacre, une senteur de stérilité qui tu superposes en toute déduction à la chambre d’un hôpital, des bouquets de fleurs posés sur la table situé au loin, une fenêtre entre-ouverte pour laisser une brise printanière s’y engouffrer. Des rayons de soleil viennent jouer dans la tignasse en bataille du jeune homme endormi sur le fauteuil situé à un quelques centimètres de ton lit. Tes pensées tourbillonnent et s’entrecroisent entre elles, comme pour former un nœud que tu as bien du mal à comprendre. Elles sont floues. Tu respires doucement afin de remettre de l’ordre dans tes idées, te forcer à te rappeler. La compétition des jeux olympiques, le sourire de Lloyd qui te murmure à l’oreille que quoi qu’il arrive vous auriez donnés le meilleur, il te serre la main avant d’entrer sur la glace. Tu serres la sienne en lui souriant avant de prendre la position du départ de la musique. Cette dernière démarre sur le thème d’un film cinématographique français  et puis plus rien, si ce n’est le noir complet. « Evie. Evie, regarde-moi. ». T’incite une voix coutumière tout en ayant une main ferme posée sur ton épaule. Tu sors alors de ta torpeur intérieure, consciente que l’on te ramène à l’instant présent, celui où tu ne comprends pas ta présence ici. Tes yeux se posent alors naturellement sur ceux de ton interlocuteur et tu peux ainsi y reconnaitre les prunelles protectrices et calmes de Reed. Il passe une main sur ta joue comme pour se rassurer, avant de laisser un sourire mélancolique et satisfait à la fois se dessiner sur ses lèvres. L’intensité de ton regard brille, s’embrume légèrement par le dépassement des évènements, toi qui d’habitude ne laisse jamais rien entrevoir de tes ressentis. Reed était ton coach sportif depuis presque huit années, une personne en qui tu avais aussi aveuglément conscience et ce même titre qu’Elliot. Mais bien avant de tenir ce role, il était le frère de Lloyd, ton partenaire sur la glace, ton meilleur ami dans la vraie vie. Et a le regarder, dans la demi-teinte d’espace que tu percevais à ce moment-là, tu savais que quelque chose n’allait pas. Pourquoi Elliot n’était pas avec toi dans cette chambre ? Reed devrait se trouver avec Lloyd et non l’inverse ? Tout un tas de question s’imposent à toi comme une vague fait marée basse. Ta gorge est sèche, il est donc plus ou moins difficile pour toi de parler mais tu te forces quand même. « Où … Où sont mon frère et Lloyd ? Qu’est-ce … qui s’est passé ?! ». Dis-tu avec une impatience qui ne te correspond guère d’ordinaire. Reed reste dans un silence de quelques instants avant de se lever pour venir s’asseoir sur le bord du lit, sans pour autant quitter ton regard. En l’observant, tu reconnais cette expression sur son visage qui indique que les nouvelles ne sont pas réelles bonnes, il l’adoptait à chaque fois dans ces cas-là. Présentement, ses traits l’empruntaient. « Il y a … Il y a eu un accident sur la glace Evie. Lors de représentation Lloyd n’a pas pu assurer le saut  … ». Tu écarquilles un peu plus les yeux, cherchant à comprendre, mais il poursuit toujours sur le même ton. « … tu es tombé gravement, et Lloyd … ». Mais tu lui coupes la parole en reprenant d’une voix blanche. « Il s’en est tiré pas vrai, c’est pas possible autrement Reed ! ». Reed saisit tes deux poignets avec douceur bien que catégoriquement pour te forcer à le regarder en face. « Il était atteint d’une cardiomyopathie, personne ne le savait sinon il aurait dû mettre un terme à sa carrière, à ce qu’il voulait. Il nous l’a caché, Evie. ». Son timbre laisse traduire toute la douleur qu’il porte en lui, lui si maitre de lui-même. En l’observant, tu prends alors la mesure de l’état actuel des choses. Lloyd a usée son dernier souffle, il n’est plus là. Une larme, puis plusieurs coulent le long de tes joues. Reed te serre dans ses bras avec une force que tu ne saurais décrire. La porte s’ouvre sur Elliot, qui esquisse une moue de soulagement sans doute à la vision de ton réveil mais bien vite, son visage se baisse tout en secouant la tête. Alors l’espace d’un instant, tu fermes les yeux pour oublier.